WALTER TROUT : Battle Scars (2015)
Le père Walter est sorti victorieux de sa bataille contre la maladie et a supporté avec succès sa greffe de foie. Revenu parmi les vivants, il en profite pour sortir un nouvel album. On ne s’étonnera pas des titres plus ou moins sombres, voire prémonitoires, de certaines chansons comme « Almost gone » (un blues-rock mid tempo avec un harmonica saturé et un percutant solo de gratte) ou « Tomorrow seems sor far away » (un blues-rock syncopé avec une guitare incisive). Ça ne s’annonce pas trop mal et on est rassuré sur la forme musicale de Walter Trout mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Avec « Please take me home », une superbe ballade mélodique, Walter frappe un grand coup et lâche un solo plein d’émotion qui serre le cœur (surtout quand on connaît les épreuves qu’il a traversées). Le solo final est un mélange d’Eric Clapton (« Holly Mother »), de Gary Rossington (« Love don’t always come easy ») et de Dickey Betts « Mr Bluesman ») avec, bien entendu, la touche personnelle de Mister Walter. J’ose le dire : un vrai chef d’œuvre ! Á lui seul, ce titre justifie l’achat du disque. Mais le guitariste ne s’endort pas sur ses lauriers et continue sur sa lancée avec « Playin’ hideaway » qui tape du côté de ZZ Top (« Gimme all your lovin’ » mais avec un son plus brut et plus rock). Le solo texan pur jus met dans le mille. Attention à « Haunted by the night », un morceau lancinant et halluciné dont la guitare torturée risque de s’insinuer traîtreusement dans le cerveau des auditeurs. On tape du pied avec les deux titres suivants : « Fly away » (qui cartonne avec un solo musclé) et « Move on » (qui reprend la même recette en un peu plus lent avec une guitare glissante et incisive). Sur « My ship come in », le tempo medium s’accélère sur la fin pour une orgie de six-cordes. « Cold cold ground » nous emmène du côté du Texas blues en mode mineur. La guitare est un audacieux cocktail de technique impressionnante et de profond feeling, une tuerie pure et simple. Quant à « Gonna live again », cette poignante ballade country-folk acoustique démontre une fois de plus l’immense talent de l’artiste. Guitariste exceptionnel, Walter Trout s’est sorti de la bataille affaibli et tailladé mais n’a rien perdu de sa vélocité. Son album précédent était déjà génial mais son dernier disque en date, admirable et fascinant, nous laissera sans aucun doute une cicatrice indélébile dans le cœur. Longue vie à Walter !
Olivier Aubry